Le blog de Flora

Imre Kertész * Discours de Stockholm 1.

17 Juillet 2008, 17:57pm

Publié par Flora


Si je reviens avec une certaine envie obsédente à vous reparler de cet écrivain, c'est parce que je suis à peu près persuadée que beaucoup de gens ne le connaissent pas assez, voire pas du tout. Malgré le Nobel. Malgré le fait que ses livres sont visibles partout grâce aux excellentes éditions Actes Sud. A chaque fois que je replonge dans son Discours de Stockholm, je me dis : il faut que je le traduise entièrement pour ceux qui se perdent jusqu'à mon petit blog sans prétention, qu'ils puissent profiter de ces idées brillantes d'intelligence, de sincérité et de lucidité douloureuse.
    Je reviens un instant au début de l'article quej'ai écrit en décembre 2002 pour la revue Hauteurs :
"La nouvelle tombe, accueillie avec stupeur : un inconnu ou presque. Est-ce encore un Nobel politique, au rabais, fouillant dans les pays qui ne l'ont pas encore eu? Recherche frénétique chez Actes Sud, son éditeur en France : quatre titres disponibles. Etre sans destin, le plus significatif, le premier écrit, au parcours le plus cahotant. Plongée dans ce texte dense, déroutant et soulagement émerveillé, immédiat : c'est un vrai
Prix Nobel."
    A ma connaissance, ce texte n'a pas été traduit en français; si je me trompe, tant pis... En le traduisant, j'espère en approcher toute la profondeur et vous en donner un certain goût. Voici le début d'un étrange feuilleton :


"Avant tout, je vous dois une confidence, une sans doute étrange, mais sincère confidence. Depuis que je suis monté dans l'avion pour recevoir ici, à Stockhom, le prix Nobel de littérature de l'année, je sens en permanence dans mon dos, le regard perçant d'un observateur; en cet instant solennel qui me place soudain au centre de l'attention publique, je m'identifie davantage à cet observateur distant qu'à l'écrivain lu tout d'un coup dans le monde entier. Et j'ose espérer que le discours que je peux prononcer à cette occasion distinguée, m'aidera pour concilier enfin cette dualité, ces deux personnes qui vivent en moi.
  Pour l'instant, je ne comprends pas clairement moi-même l'aporie que je ressens entre cette haute distinction et mon oeuvre, ma vie. Est-ce parce que j'ai trop longtemps vécu sous des dictatures, dans un environnement intellectuel hostile et désespérément étranger  pour me procurer quelque conscience littéraire : tout simplement, cela ne valait pas la peine d'y réfléchir. De plus, on m'a fait comprendre de toutes parts que le sujet de ma réfléxion, "le thème" qui me préoccupe n'est ni actuel ni attractif. Ainsi, pour cette raison et aussi par une conviction toute personnelle, j'ai toujours considéré l'écriture comme mon affaire le plus stictement personnelle."


la suite suivra...

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