Le blog de Flora

   Alors, montagnes russes ou voiturette?

28 Juin 2021, 17:59pm

Publié par Flora bis

   Dans 3 jours, nous serons en juillet. Les jours défilent à l'accéléré, et cela donne le tournis.  Pourtant, il ne se passe rien de significatif  -  ou alors, justement, c'est parce qu'il ne se passe rien d'exaltant. Il faut croire que j'ai encore des besoins d'exaltations dans ma vie... Qui l'eût cru?...

   Je m'aperçois que j'utilise assez souvent le mot "exaltant", en guise de synonyme de "galvanisant", "excitant", "enthousiasmant",  -  en un mot: stimulant. Ce n'est pas inconcevable; malgré l'apparente léthargie, on dirait que "la bête vit encore", du moins, elle entrouvre un oeil de temps en temps pour se persuader que la terre n'a pas cessé de tourner.

   Si nous prenons l'habitude de chercher la tranquillité, un rythme de vie sans secousses, nous finissons par sombrer dans un demi-sommeil, prélude à l'endormissement définitif dont il n'y aura pas de réveil... Le cerveau, le coeur s'engraissent dans leur inactivité prudente et, au lieu de nous préserver  -  mais pour quelle contrepartie? vivoter à petit feu, à l'économie, pour faire des centenaires momifiés vivants?  -  oui, à nous épargner des tremblements de terre, même minuscules, ils nous feront glisser imperceptiblement dans le sommeil éternel.

   De quelle exaltation s'agit-il? J'entends par là un état presque grisant où les sens sont en éveil, les idées fusent et une envie irrépressible de créer s'empare de vous... Cette sensation peut être provoquée par une rencontre, un spectacle, un voyage, une lecture, une conversation. Une chose semble sûre: cela se déclenche toujours de façon imprévue, sans attente ou préparation préalable. Bien au contraire: toute prévision la tue avant qu'elle ne puisse vous faire décoller du plancher des vaches!

   Alors, montagnes russes ou voiturette? La vie est une aventure exaltante et dangereuse qui, de toute façon, finit toujours mal, à en croire à Marcel Aymé.

(illustration: R.T. pastel 2015)

 

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Fête des Pères...

23 Juin 2021, 08:57am

Publié par Flora bis

   Après des jours lourds et caniculaires, de vrais déluges nous sont tombés dessus. La température s'est agréablement rafraîchie. La semaine a été bien remplie d'une prise de sang, d'un saut à l'hôpital (pour un scanner dont il faudra attendre le compte-rendu pour cause d'embouteillage dans les services), une réunion associative épuisante dans une salle irrespirable (clim' interdite à cause du brassage de virus...) et quelques sorties pour récolter de petits cadeaux pour les enfants que je n'ai pas vus depuis début mai. Samedi matin, nous avons pu prendre la route en compagnie des parents de ma belle-fille pour passer le week end près de Paris.

C'était aussi la Fête des Pères, incitation commerciale parmi tant d'autres. Nous ne l'avons jamais fêtée, refusant d'obéir aux exhortations inventées de toutes pièces avec l'espoir qu'elles deviendraient coutumes. Je n'ai pas besoin de ce genre de rappel pour penser au mien qui aurait cent ans l'année prochaine... J'y pense même de plus en plus souvent, en avançant dans l'âge et en découvrant toujours plus de points communs qui nous lient. Un jour, il faudra que je lui dresse un monument personnel de mots. Cela devient un besoin intime.

   Il est mort le jour de l'attentat contre Ytzhak Rabin, premier ministre d'Israël, le 4 novembre 1995. Je découvre plus tard que les deux hommes avaient le même âge, à 15 jours près: 73 ans... Les deux sont nés en 1922, le 18 février pour mon père, le 1 mars pour Rabin. Le coeur de mon père s'est arrêté le matin du 4 novembre, tandis que Rabin a été assassiné dans la soirée. Je me souviens: le monde entier parlait de l'espoir de la paix assassiné avec Rabin  -  et moi, sous le choc, j'avais le sentiment fugace et irréel que cet événement tragique a "volé" la mort de mon père... C'est ainsi que les drames personnels et planétaires se superposent... 

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Les tourments d'être entre deux langues

15 Juin 2021, 18:33pm

Publié par Flora bis

   Je me surprends à constater, une fois de plus, que la "Flora" qui écrit sur son blog français n'est pas exactement la même personne que celle qui alimente son blog hongrois. Non seulement l'un des espaces n'est pas la traduction de l'autre mais les sujets traités ne se répondent pas non plus, la plupart du temps. Leurs rédactions nécessitent un "changement de peau", de ton comme si, avec le changement de langues, on touchait à une certaine structure mentale, comme si, inévitablement, on devenait "autre" ...

   Ecrire sur mon blog hongrois me donne le sentiment de rentrer à la maison, après une représentation dans le monde extérieure: dès l'entrée, on enlève ses chaussures qui serrent un peu, on quitte le costume un tantinet strict qui comprime aux entournures. Il ne s'agit pas de le remplacer pour autant par un vieux survêt' éculé, élimé mais par une coquette robe d'intérieur qui permet de se sentir à l'aise. Même mes pantoufles seront seyantes pour tenter de préserver un soupçon de raffinement... Avec ma langue maternelle, je retrouve un sentiment d'intimité, de familiarité, pour ne pas dire une certaine liberté. Très imagée, suggestive et indomptable, elle me permet toutes les audaces, sans crainte d'être prise en défaut.

   Que se passe-t-il quand j'écris un article sur mon blog français? J'ai souvent décrit le plaisir que j'éprouve à manier la langue française, cette langue d'adoption que j'ai commencé à étudier au lycée comme 2e langue, à portion congrue. Les années de fac puis, surtout, ma rencontre avec Gilbert ont permis le véritable apprentissage de cette belle langue riche, élégante et exigeante à la fois. Plus le néophyte pénètre ses secrets, plus elle se dérobe à la possession comme si elle obligeait les prétendants à des efforts sans fin pour la séduire...

   Pour le pratiquer, je me sens un peu corsetée, je me passe en revue comme devant la glace avant une sortie: est-ce que tout est à sa place, n'y a-t-il pas une mèche de cheveux mal coiffée, un vêtement de travers, une règle de grammaire ou d'orthographe qui échapperaient à ma vigilance, une fausse note, en somme, qui serait impardonnable à mes yeux?... Je dis bien "à mes yeux" car aux yeux de mes rares lecteurs plutôt magnanimes, j'aurais sans doute quelques excuses...

Les tourments d'être entre deux langues

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Histoires de pères...

8 Juin 2021, 17:40pm

Publié par Flora bis

   En une semaine, je m'offre la deuxième histoire d'un père atteint de la maladie d'Alzheimer... Au cinéma. Après "Falling", j'ai vu hier "The Father" de Florian Zeller. Quelques années après le succès retentissant de sa pièce de théâtre "Le Père" créée en 2012 par Robert Hirsch, il l'a adaptée au grand écran, en anglais, avec Anthony Hopkins dans le rôle principal et couronnée récemment de deux Oscars. 

   Des personnes avec une confiance sans faille en leurs capacités, en leur bonne étoile m'ont toujours étonnée, épatée, laissée sans voix. L'exact contraire à mes hésitations, reculades, démissions plutôt que de prises de risque... Est-ce une question d'éducation? Des parents qui, au lieu de vous retenir sous prétexte de vous protéger d'un je ne sais quel danger ou de déception, vous poussent hors du nid en vous faisant miroiter la beauté de l'ivresse de voler de vos propres ailes?... Est-ce une question d'héritage, de gènes, de bienheureuse constitution, de tempérament qui ne connaît pas le doute? Le succès aime les audacieux qui ne doutent pas! Au lieu de ceux qui s'excusent presque d'exister...

   Toujours est-il que Florian Zeller a publié un premier roman à 21 ans, primé tout de suite. Et le succès ne l'a plus quitté, principalement dans le domaine théâtral: une douzaine de pièces jouées dans plus de 40 pays du monde! La presse étrangère le tient pour un des principaux auteurs dramatiques du 21e siècle. Et il n'aura que 42 ans à la fin du mois...

   Les deux films sont très différents. Dans celui de Viggo Mortensen, nous restons témoins extérieurs, tandis que dans le deuxième, F. Zeller, avec un tour de main audacieux, installe le spectateur dans les yeux, dans la tête du malade, vivant avec lui sa déchéance par la confusion de son monde,  la métamorphose lente et insidieuse de son décor...

 

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