Alors, montagnes russes ou voiturette?
Dans 3 jours, nous serons en juillet. Les jours défilent à l'accéléré, et cela donne le tournis. Pourtant, il ne se passe rien de significatif - ou alors, justement, c'est parce qu'il ne se passe rien d'exaltant. Il faut croire que j'ai encore des besoins d'exaltations dans ma vie... Qui l'eût cru?...
Je m'aperçois que j'utilise assez souvent le mot "exaltant", en guise de synonyme de "galvanisant", "excitant", "enthousiasmant", - en un mot: stimulant. Ce n'est pas inconcevable; malgré l'apparente léthargie, on dirait que "la bête vit encore", du moins, elle entrouvre un oeil de temps en temps pour se persuader que la terre n'a pas cessé de tourner.
Si nous prenons l'habitude de chercher la tranquillité, un rythme de vie sans secousses, nous finissons par sombrer dans un demi-sommeil, prélude à l'endormissement définitif dont il n'y aura pas de réveil... Le cerveau, le coeur s'engraissent dans leur inactivité prudente et, au lieu de nous préserver - mais pour quelle contrepartie? vivoter à petit feu, à l'économie, pour faire des centenaires momifiés vivants? - oui, à nous épargner des tremblements de terre, même minuscules, ils nous feront glisser imperceptiblement dans le sommeil éternel.
De quelle exaltation s'agit-il? J'entends par là un état presque grisant où les sens sont en éveil, les idées fusent et une envie irrépressible de créer s'empare de vous... Cette sensation peut être provoquée par une rencontre, un spectacle, un voyage, une lecture, une conversation. Une chose semble sûre: cela se déclenche toujours de façon imprévue, sans attente ou préparation préalable. Bien au contraire: toute prévision la tue avant qu'elle ne puisse vous faire décoller du plancher des vaches!
Alors, montagnes russes ou voiturette? La vie est une aventure exaltante et dangereuse qui, de toute façon, finit toujours mal, à en croire à Marcel Aymé.
(illustration: R.T. pastel 2015)