Le blog de Flora

A la marge d'une déception

26 Août 2022, 11:47am

Publié par Flora bis

   Hier soir, j'ai vu un des films attendu de la rentrée: "Les volets verts" de Jean Becker, avec Depardieu, Fanny Ardent, Benoit Poelwoorde etc. et ma déception est égale aux attentes avec lesquelles, toute affaire cessante, je me suis précipitée au cinéma... Heureusement, il n'a duré qu'une heure et demie...

   Les goûts et les couleurs ont le droit d'être différents. Ainsi, je me contente de revendiquer les miens... Le film ressemble au vieil acteur essoufflé dans sa graisse et alcool, entouré des clichés les plus éculés pour essayer de masquer le VIDE abyssal des personnages... Ils poussent tant bien que mal l'histoire prévisible dont le seul suspens consiste à savoir à quel moment le coeur du grand acteur va lâcher?... Ce qui ne tardera pas à arriver mais la scène parvient à devenir grand-guignolesque avec les petites notes sublimes de Barbara comme dernier soupir, grossier clin d'oeil encore à Depardieu acteur... Comme si ces clins d'oeil et allusions n'étaient déjà pas assez lourds depuis le début et qui nous donnent l'impression plutôt de l'amateurisme sans imagination que de la finesse inventive du scénario et de la mise en scène!...

   J'attendais le générique pour identifier les auteurs du scénario : Jean-Loup Dabadie et Jean Becker... Dabadie, dont c'est le dernier travail avant son décès en 2020 est un auteur très prolifique de paroles de chansons à grand succès, d'une liste très longue de scénarios de films qui nous ont marqués (Sautet, Pinoteau, Rappeneau, Yves Robert etc...), romans, pièces de théâtre... Les dix dernières années 4-5 collaborations avec J. Becker. 

   Ce film fait partie du projet de Depardieu d'une série de plusieurs romans de Simenon à adapter au cinéma, pendant la pandémie... Que dire? J'avoue que je sens même la patte de notre Gérard sur le scénario et la mise en scène, son penchant vers l'effet facile et grandiloquent sur les bords, pour conclure... Dabadie était-il déjà très fatigué? Jean Becker lui-même n'a pas la réputation d'être un grand scénariste.  Mais suis-je mauvaise langue?... Toujours est-il que les grands acteurs du film poussent désespérément l'absence criante d'épaisseur de leurs personnages et des situations mornes et répétitives, dépourvues de nuances, de profondeur... Le film avance cahin-caha vers le dénouement annoncé, les acteurs se débrouillent sans grand-chose à se mettre sous la dent... Les spectateurs non plus...

 

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L'exposition de Marcoville - un enchantement

19 Août 2022, 19:45pm

Publié par Flora bis

    Le soir approche. D'habitude, c'est l'heure d'arroser avec rapidité et parcimonie mon jardin mouchoir de poche. Cela fait deux jours que la fine pluie m'en dispense. Je me sens soulagée. 

   Jeudi après-midi, avec quatre amies, nous avons visité une exposition extraordinaire à Cambrai. Je n'avais jamais entendu parler de l'artiste original qui l'a créée: Marcoville (Marc Coville). Il utilise des matériaux de récupération en verre et en ferraille qu'il découpe, plie, colorie ou non, selon ses envies et ses rêves, pour donner vie à ses univers joyeux et consolants. 

    Il faut que je voie cette exposition! Cambrai n'est pas loin, la décision est prise entre amies.

   Par goût personnel, je ne suis pas une grande fan des installations. Pourtant, dès le parvis de la Chapelle des Jésuites, le spectacle visuel géant m'attire irrésistiblement. Une forêt d'arbres magiques, colorés, démesurés qui s'avèreront être le jardin d'Eden! Nous nous promenons parmi les troncs rugueux qui attirent nos mains pour les toucher comme des enfants: ils sont en petits éclats de verre, découpés façon mosaïque, colorés ou non, avec des cimes proportionnellement minuscules, ce qui les rend encore plus hauts et inaccessibles. Comment cueillir alors le fruit défendu?...

   Plus loin, un banc géant de poissons, en verre transparent, suspendus très haut sous la coupole de la chapelle: des milliers de poissons qui descendent jusqu'à nous, et s'entrecliquettent aux mouvements de l'air, des ondes de la musique ou du chant!... Des angelots les suivent gaiement, comme pour rendre ce paradis attirant et joyeux. Sans oublier des groupes de vierges découpées en morceaux de verre teinté qui longent les deux côtés.

   L'exposition s'intitule "Lumières célestes". La belle façade et l'intérieur baroques (1678-1694) de la chapelle constitue un écrin idéal pour l'accueillir. Croyant ou non, le spectateur est touché par un souffle invisible de spiritualité, suggérée par la transparence sans cesse changeante des morceaux de verre qui bougent au rythme de ce souffle, généré à la fois par le lieu et par les visiteurs. 

L'exposition de Marcoville  -  un enchantement
L'exposition de Marcoville  -  un enchantement
L'exposition de Marcoville  -  un enchantement
L'exposition de Marcoville  -  un enchantement
L'exposition de Marcoville  -  un enchantement

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Eté 2022, très chaud

13 Août 2022, 11:01am

Publié par Flora bis

   Je regarde le paysage presque désert de la blogosphère et moi-même, je deviens muette... Où sont les décisions de publier au moins 4 articles par mois?... Les inspirations, les résolutions retombent comme les branches fatiguées des fleurs de mon jardin, écrasées par les vagues successives de la canicule. Comme tout cela est fragile, dépendant très fort des échos alentours!

   Pourtant, je me dis que d'ici quelques semaines, nous allons geindre aussi intensément à cause de la grisaille, de la fraîcheur précoce, de l'absence du soleil qui séchait le linge en quelques heures, sur le fil, à deux pas de la porte de la cuisine ouverte sur la terrasse. De la disparition du parasol vert, remisé dans la cabane pour un an, avec le tuyau d'arrosage jaune citron qui tentait  -  avec peu de résultat  -  de rafraîchir les parterres de fleurs assoiffées, au soleil couchant...

   Remisés aussi, les souvenirs des dîners sur la terrasse avec amis et famille, le petit café du matin avant que le soleil brûlant ne sonne le repli derrière le volets baissés. Je voyage depuis mon fauteuil, grâce aux centaines de photos reçues presque tous les jours du fond des canyons de l'Ouest américain, des pentes rafraîchissantes des Alpes, des vagues étincelantes de la côte d'Opale...

(photos: ALFA)

Eté 2022, très chaudEté 2022, très chaud

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Une nostalgie incurable

3 Août 2022, 11:22am

Publié par Flora bis

   J'ai la mauvaise habitude, grâce à l'avènement de la télécommande, de pianoter une dernière fois sur les chaînes de la télé, avant de l'éteindre, au coeur de la nuit... Les émissions les plus intéressantes  -  du moins pour moi  -  repassent à ces heures tardives. C'est ainsi que je suis tombée l'autre soir sur "Echappées belles" qui proposait un "Week-end à Istanbul"...

   Dans quel piège ai-je atterri ! J'y suis restée 1 h et demie, scotchée à l'écran, en proie à des souvenirs qui se réveillaient en moi à plus de trente années de distance... Piège à la fois délicieux et douloureux d'une nostalgie incurable que m'ont laissée les six années passées à Istanbul, entre 1984 et 1990.

Beyoğlu, "mon" quartier

   J'en ai souvent parlé sur ce blog, lorsque les volutes des sensations passées remontaient à la surface, qui s'entortillaient autour de moi pour m'embarquer irrémédiablement, parfois jusqu'aux larmes... J'ai ressenti non seulement l'ambiance de la ville mais aussi l'odeur des grillades du "balık pazarı" de Beyoğlu, le fourmillement du Grand Bazar dans lequel j'ai appris à me repérer pour dire bonjour à "mes" marchands préférés autour d'un "çay" ou  un "sade kahve"... Le silence frais d'une mosquée ou d'un cimetière où je m'installais pour un dessin rapide... Ces empreintes sont innombrables, profondes et légères à la fois. Une ville de 15 millions d'habitants, où l'on prend plaisir à se perdre. Chaque quartier est vivant à sa manière et vous accueille, se laisse découvrir et au bout d'un moment, vous vous sentez chez vous. Surtout, en apprenant quelques mots de la langue turque pour soutenir une petite conversation, même rudimentaire.

Tout reste en vous, comme une entaille délicieuse.

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