Le blog de Flora

Roseau pensant

30 Septembre 2021, 12:18pm

Publié par Flora bis

   Le Soleil, timidement, essaie de tenir ses promesses qu'il a consenties à mes sollicitations intimes.  M'offrir un petit sursis, par-ci, par-là, jusqu'à mon anniversaire. Mais voilà, je viens de trahir, en le révélant, cet accord secret. Sera-t-il assez magnanime pour avoir, quand-même, de l'indulgence pour ma faiblesse? Pauvre pécheresse qui est prête à ce genre de traîtrise sur l'autel de l'écriture!...

    J'ai repris un projet plus ancien, faute de pouvoir continuer celui (des mères et des filles), bien entamé mais que je dois laisser mûrir encore. Trop complexe, trop douloureux et grave, pour "amuser" le public. Je le ferai, j'en ai besoin mais pas pour satisfaire une attente qui me met sous pression, pieds et poings liés. Je ne devrais pas évoquer mes projets à l'avance, avant de les avoir achevés. Difficile de résister à l'envie de partager mes enthousiasmes car leur évocation participe à leur élaboration. Je me fais l'impression d'un faible roseau dans le vent.

   Hier soir, j'ai regardé "La Grande librairie", avec beaucoup d'invités. Ces derniers temps, il y a de plus en plus de femmes qui se lancent sur ce terrain piégeux qu'est l'écriture. Plutôt, je crois qu'il y en a eu toujours beaucoup mais on leur offrait moins de visibilité. Et elles se défendent drôlement bien! La sérieuse affaire de l'écriture devient de moins en moins le terrain de jeu des hommes qui pouvaient s'y consacrer libres de la plupart des exigences de la vie quotidienne, usantes et chronophages. Lorsque je les regardais pérorer, imbus de leur importance, je ne pouvais m'empêcher de penser à une figure féminine derrière eux, payée ou non, qui s'affairait, invisible, pour que le grand homme ait son linge propre sous la main, son appartement impeccable et son frigo bien rempli!

 

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Pensées vagabondes en ce début d'automne

23 Septembre 2021, 12:36pm

Publié par Flora bis

   Je viens de passer deux bonnes heures devant l'écran de mon ordinateur, à répondre aux commentaires, à lire des articles, à regarder des documents sur Facebook (p.ex. un extrait de La Grande librairie qui présentait le roman de Victoria Mas "Le bal des folles", émission que j'ai manquée en son temps mais qui donne envie de lire le livre!). Je n'ai pas vu passer le temps si précieux. 

   Eternel conflit, cas de conscience permanent. Je dispose de mon temps, je n'ai pratiquement que des contraintes que je m'impose moi-même. D'où vient ce sentiment culpabilisant de "gaspillage" d'un bien rare et précieux? Le but prioritaire, à mon âge, ne serait-il pas de "me la couler douce", de prendre du bon temps, sans la pression des devoirs urgents, de profiter des minuscules bonheurs fugaces dont la vie veut bien me gratifier encore?... 

"Le Rideau", huile, T.R.

 Si je creuse un peu les profondeurs de mon histoire, aussi loin que je me souvienne, ce conflit m'a toujours accompagnée. Mon penchant indolent me poussait naturellement vers la contemplation, la rêverie, j'aimais me perdre dans les méandres des pensées qui affluaient, se bousculaient, prendre mon temps comme si j'en gagnais pour vivre... de la vraie vie, en somme. 

   Autour de moi, les injonctions pleuvaient d'arrêter de "perdre mon temps", de m'occuper des choses utiles  -  selon les autres, pas pour moi!  -  participer au maintien de l'ordre et de la propreté dans la maison où trois générations vivaient en bonne entente établie par des règles depuis des siècles... Prendre ma part au désherbage des parcelles de maïs, de pommes de terre ou des pieds de vignes, à la cueillette de la récolte à l'automne. Ces gestes se sont imprégnés en moi, je pourrais les reproduire, intacts, 60 ans plus tard. Ils se sont insinués en moi comme la notion de "devoirs" tacites, indispensables, coûte que coûte. Et cela a continué naturellement, en épousant un homme qui a été formaté selon les mêmes principes immuables: "ne jamais perdre son temps inutilement"!

   Et maintenant? Je fais ce que je veux, il n'y a personne autour de moi avec ses injonctions à occuper mon temps avec des tâches toujours plus importantes que mes désirs. Je me suis débarrassée de pas mal de ces carcans qui m'enserraient comme des antiques instruments de torture. Mais la libération n'est pas si simple. Au fond, persiste l'ombre de la culpabilité d'avoir désobéi...  

   

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Adieu, Bébel...

9 Septembre 2021, 19:30pm

Publié par Flora bis

   Je viens de regarder à la télé l'hommage à Jean-Paul Belmondo, solennel et en même temps intime, dans la cour des Invalides. Souvent, l'hommage en ces lieux revêt un caractère tragique, de deuil, pour honorer les victimes d'un attentat, les soldats morts pour la France. Rarement nous le suivons avec le sourire mêlé aux larmes comme c'était le cas ce jour, sous le portrait géant de Bébel.

   Difficile de loger cet énorme artiste populaire sous les ors de la République, dans le cercueil recouvert du drapeau tricolore et porté par des soldats en uniforme de parade, la Marseillaise par la Garde Républicaine et le Président de la République s'inclinant devant lui. "Quand-même, ça avait de la gueule!" - l'aurait-il peut-être reconnu, avec une petite revanche. Le discours du Président Macron, très inspiré (et écrit par lui-même, selon un intime) a recueilli de vifs applaudissements, plutôt rares en ces lieux et circonstances.

   Belmondo est inclassable: après avoir incarné "la nouvelle vague", il devient l'aventurier acrobate qui prend tous les risques pour exécuter les cascades lui-même, avec panache, en prenant quelques dégâts au passage. Sans se départir de son sourire triomphant ou complice vers le public, qu'il soit flic ou voyou, avec une insolente joie de vivre. 86 films avec de nombreux grands metteurs en scène jalonnent sa carrière de 60 ans. Mon préféré reste sa performance d'acteur dans "Itinéraire d'un enfant gâté" de Claude Lellouche. 

   L'ancien boxeur à la figure burinée, le nez aplati, la bouche démesurée, taillée pour le sourire est devenu un séducteur irrésistible, en démentant triomphalement les prédictions d'un metteur en scène imprudent qui, à ses débuts, lui déconseillait de tenter la carrière d'acteur... "Avec une gueule comme ça..." Sa gueule qui reste, bien logée, dans le coeur de tous les Français (et de bien d'autres), avec reconnaissance.

Adieu, Bébel...

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Poèmes en vert et bleu

6 Septembre 2021, 10:25am

Publié par Flora bis

   

Je n'ose presque pas l'évoquer, par crainte de faire cesser la magie de cet été si rare : le soleil, dès le petit matin, le ciel bleu immaculé et le parfum du chèvrefeuille en folie sur ma terrasse, près de la porte de la cuisine! Je ne suis pas difficile ni revendicative, je le prends comme un cadeau inattendu, avec la gratitude de ceux qui ne sont pas gâtés par les cieux.

   Forcément, je ressens un regain d'énergie et j'essaye illico d'en profiter. Il faut que je m'expose au soleil, en vue d'augmenter le niveau de ma vitamine D, que j'améliore la couleur déplorable d'aspirine (pas du tout effervescent) de ma peau due au ciel gris plomb de notre été dans la fameuse "goutte froide"!

   Je réponds donc à l'invitation de l'association "Le cahier allant vers..." animée par les infatigables Muriel, Rémy, Yamina, Céline et les autres. Ils ont organisé une petite récitation de poésies sur le thème de la nature, dans le Parc des Prix de Rome qui se trouve juste derrière ma rue. Dans le demi-cercle de l'agora ensoleillé, un public attentif et interactif les écoutait, faisant fi des motos pétaradantes des rues alentour et des cris joyeux des enfants qui couraient parmi les sculptures installées dans les allées, convoquant l'esprit des nombreux artistes originaires de Valenciennes qui avaient tous obtenu le Prix de Rome en leur temps. Tout cela sous le soleil caressant d'une belle fin d'après-midi de septembre.

Poèmes en vert et bleuPoèmes en vert et bleu

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