Le blog de Flora

Positivons!

27 Juin 2018, 11:58am

Publié par Flora bis

   Ma boîte email, vieille de plus de 25 ans, s'est définitivement bloquée... 

   J'ai passé l'âge où l'on gère avec souplesse ce genre de bouleversement sismique de l'existence. D'abord, la panique vous gagne: vous perdez tout un pan de votre histoire, de votre vie... Le danger de ne pas recevoir un courrier administratif important vous effleure: impôts, gaz, téléphone, associations et j'en passe. Les amis, la famille: votre cordon ombilical qui vous relie au monde des vivants est coupé... J'exagère? Un peu. Reste le téléphone, la poste, la sonnette sur la porte, mais nous en perdons l'habitude. La messagerie électronique est tellement plus pratique, tellement plus rapide!...

   Dans le sillage de mon adresse email, ma page Facebook se bloque. Les mots de passe: mon cauchemar! Il en faut partout, on en change aussi au cours des années. J'essaie de les noter au fur et à mesure, mais les feuilles s'envolent! Je me retrouve, recroquevillée sur mon problème et je crée un nouveau compte (l'ancien avait 7 ans!) Retrouver les amis, les prévenir...

 

Recréer une nouvelle page... de ma vie?...

Aussitôt, mes réflexes de sauvetage se mettent en route. N'est-ce pas une occasion de renouveau qui se présente devant moi et qui va bien au-delà d'un compte Facebook et une nouvelle adresse email? Je peux tout trier comme pour un déménagement. Le grand débarras. Me libérer des pesanteurs! Les habitudes ont une force d'inertie inouïe. Elles sont réconfortantes, douillettes, même si, au bout d'un moment, elles peuvent rendre l'atmosphère étouffante, lourde, comme dans une maison jamais aérée... Abandonner certaines habitudes, des relations pesantes ou stériles qui vous enfonçaient, vous tiraient en arrière... Repartir d'un nouvel élan, changer soi-même.

Un peu.

 

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Vache inspirante

17 Juin 2018, 12:00pm

Publié par Flora bis

"On ne gagne pas beaucoup à trop réfléchir sur sa destinée. La vraie philosophie consiste peut-être à traverser la vie avec la sérénité tranquille de l'animal broutant l'herbe du sentier qui le mène à l'abattoir."
(Gustave Bon, 1841-1931)

Dès la première lecture, cette citation a suscité en moi des images familières, celles de mes vacances d'été dépaysantes, années après années, chez mes grands-parents maternels. Je gardais la vache de ma tante pendant quelques semaines, signe de confiance et de responsabilité.

    "...la sérénité tranquille de l'animal broutant l'herbe..." Cette image est restée gravée dans ma mémoire. Certains jours, au lieu d'investir avec les autres adolescents la pâture municipale, je promenais la placide ruminante le long des sentiers, la tenant par une corde nouée autour de ses cornes, marchant à son rythme à quelques pas devant elle. Aussi étrange que cela puisse paraître, cette occupation me plaisait beaucoup (j'aurais du mal à imaginer un ado de notre époque avec un smartphone greffé à sa main  -  et à ses yeux  -  promener une vache pendant des heures et heureux d'être plongé dans des pensées sereines...). J'alternais les jours avec les copains sur la pâture, discussions et parties de cartes, tandis que les vaches broutaient en groupe, et mes solitaires tête-à-tête avec la paisible blonde de ma tante. 

   L'adolescence... Je suis sûre que cette expérience qui se répétait d'année en année, a eu une influence importante sur l'adulte que je suis devenue. Le besoin de me retrouver dans une solitude apparente (la vache m'accompagnait et m'inspirait) pour mettre en ordre les morceaux du puzzle du monde autour de moi, des découvertes incessantes de cet univers réservé pendant longtemps aux adultes omniscients et omnipotents, des jeux de séductions et des pulsions à la fois attirantes et effrayantes, passant par des regards dérobés et recherchés, tout en étant entourée et sécurisée de l'affection débordante et infaillible de mes grands-parents, oncles et tantes... De longues heures de lectures solitaires dans la douceur de l'été, cachée dans le jardin de ma tante parmi les pieds de vigne, les dahlias et les grasses feuilles de betteraves...

   C'était l'initiation à une certaine philosophie... Traverser la vie avec la plus grande sérénité possible. (Il s'est avéré par la suite que ce ne serait pas toujours aussi évident.) Y tendre, du moins, au lieu de se torturer vainement. Le sentier mène, de toute façon, à l'abattoir.

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Ce n'est qu'un jeu de ballon rond...

11 Juin 2018, 16:12pm

Publié par Flora bis

   

   Au risque d'étonner  -  voire de faire fuir  -  quelques lecteurs, je voudrais parler de foot... C'est un peu le moment: nous sommes quelques uns à partager les souvenirs uniques de l'explosion de joie du 12 juillet 1998. Tout comme la rage de honte de l'épisode d'Afrique du Sud où l'équipe de France a touché le fond...  

   Non, je ne suis pas une passionnée du foot ni du sport en général (l'apparence est trompeuse!); d'ailleurs, je n'en suis pas fière... Avec Gilbert, j'ai pris l'habitude de suivre les événements sportifs à la télé. Il aimait presque tous les sports, il en pratiquait aussi mais avant tout, c'était l'esprit de l'exploit, du dépassement de soi qui le passionnaient. Depuis mon fauteuil, j'étais devenue une vraie spécialiste du rugby, de l'athlétisme, du vélo, du foot, du tennis, du ski, de la course automobile et j'en oublie...

   L'autre jour, j'ai regardé le documentaire sur la Coupe du Monde du Football 1998. Les champions d'il y a 20 ans, dégarnis ou grisonnants, quelque peu épaissis, évoquaient l'EVENEMENT de leur vie sportive. Avec, dans leurs regards, l'émotion d'il y a vingt ans, intacte. Tout comme dans le mien. Avec, plus d'une fois, des larmes aux yeux...

   L'atmosphère, plus que tiède du départ, s'est progressivement réchauffée jusqu'à la liesse populaire qui nous a emportés tous. J'ai revécu les moments poignants des matchs successifs, jamais gagnés d'avance, où nos compétiteurs devaient y croire en se surpassant pour franchir l'obstacle. Pour qu'ils puissent se retrouver 20 ans après et communier dans l'émotion et l'amitié inchangées, il a fallu un sentiment collectif (ce mot d'Aimé Jacquet tant raillé!) fort qui a transcendé les quelques individualités en vue. Il leur a fallu beaucoup d'humilité  -  à commencer par le sélectionneur malmené qui les avait protégés des critiques malveillantes des journalistes omniscients  -  aussi, pour les préserver de la grosse tête avant l'heure et pour garder la capacité d'émerveillement de ce qui leur arrivait! Cet émerveillement semblait encore vivant 20 ans plus tard, en eux aussi bien qu'en leur public...

   Je me souviens des clameurs, des rues envahies de notre petite ville, des visages en joie, bariolés de bleu-blanc-rouge, drapeaux à la main. La foule convergeait de partout vers la Place d'Armes et l'Hôtel de Ville où nous avons entamé spontanément la Marseillaise, sous l'oeil de Jean-Louis Borloo sorti sur le balcon. Des inconnus s'embrassaient. On était loin des menaces de toute sorte. La joie et la fierté étaient contagieuses, dépassant de loin une coupe du monde gagnée.

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"Fantastique!"

8 Juin 2018, 10:52am

Publié par Flora bis

 

Hier,  je suis rentrée en miettes de fatigue de la journée (de 9h du matin à 18h30) à la faculté des lettres de l'Université de ma ville. Et ce n'était que le premier jour! J'y ai participé à un colloque sur le thème de la littérature fantastique. Sans être fan du genre, je le connais assez bien grâce aux nombreux essais de Gilbert entre 1996-2006, en collaboration ou individuellement, dans des revues et aux éditions Belin et Ellipses. Hier, ma principale motivation a été de retrouver deux des contributeurs, Mathieu Lottiaux et Alain Delbe, éminents collaborateurs de notre revue "Hauteurs" que nous animions entre 1999 et 2009. 

   Entretemps, nous avons tous pris presque 20 ans... Le souvenir des 10 années riches et mouvementées de la revue continue à nous lier d'amitié  -  avec une pointe de nostalgie que seul un travail en commun bien fait peut générer... Dominique et Agnès, Perrine, Michel, Cathy et Daniel,  Muriel s'ajoutent aux deux noms déjà cités, plus quelques uns, de souvenirs plus douloureux que je ne nommerai pas...

   Alain, auteur de plusieurs romans et nouvelles était reçu en "guest star", de nombreux extraits de ses textes ont été lus. Mathieu qui vient de terminer son premier roman, a présenté une analyse fort savante du mythe du Golem (auquel Alain avait consacré un roman en 2004), d'autres contributions détaillaient les thèmes du vampire, de Peter Pan ou l'oeuvre de Steeman, écrivain belge de la première moitié du 20e s. Ce dernier a été une découverte pour moi: son oeuvre (dont les plus célèbres ont été portées à l'écran par Clouzot "L'assassin habite au 21", "Quai des Orfèvres") est un véritable laboratoire de l'écriture! 

    Les nombreux échanges entre les conférenciers et le public ont rendu la rencontre très intéressante et ont installé cette ambiance à la fois érudite et dépourvue de toute "prise de tête" hermétique, chaleureuse et enrichissante dont le Nord a le secret...

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Insomnie

4 Juin 2018, 19:36pm

Publié par Flora bis

   

"Le corridor" par R. T. 1999

  J'ai beaucoup discuté la semaine dernière: trois-quatre amies sont passées pour prendre un café ou un thé avec moi et surtout, pour échanger sur une foule de sujets plus intéressants les uns que les autres!...

   J'aime les échanges, ils donnent souvent naissance à des idées, des projets nouveaux qui ouvrent des perspectives enrichissantes. Que ce soit des projets littéraires avec d'autres rencontres à venir, ou des problèmes personnels à discuter qui permettent de plonger dans nos propres ténèbres: ces petites conversations sous le parasol de la terrasse ou sur le canapé du salon sont mes plaisirs depuis toujours.

   Prenons par exemple le problème cuisant de l'insomnie. Depuis les derniers mois précédant la mort de Gilbert, mon sommeil est assez désordonné. J'ai pris l'habitude de veiller tard, de trouver mille prétexte pour retarder le moment de me coucher et rater ainsi les heures les plus profitables et les plus réparatrices du sommeil. Au milieu de la nuit, le bourdonnement discret de la radio accompagne la chute dans les profondeurs de l'inconscience, par ailleurs, de relativement courte durée. Je me lève tard, fatiguée. Cela fait douze ans que ça dure...

   Avec une amie qui souffre d'une forme encore plus grave d'insomnie, nous avons tenté d'explorer ces territoires tourmentés. Qu'est-ce qui nous empêche de dormir comme avant? Qu'est-ce qui nourrit cette angoisse sourde, cette peur de ne pas pouvoir plonger dans le sommeil bienfaisant, et une frayeur encore plus grande de céder à son invitation?... 

  Nous avons fini par prononcer la même phrase, presqu'en même temps: cela ressemble à la peur de la mort! Tout simplement. 

   Le sommeil est bel et bien une métaphore de la mort. On ferme les yeux, on s'abandonne à un état incontrôlé et incontrôlable (très grave pour moi qui aime(rais) maîtriser en toute circonstance ce qui m'arrive...) et surtout: aucune garantie à ce qu'on puisse refaire surface! J'ai vécu ce moment traumatisant où j'attendais le réveil de quelqu'un qui n'a plus jamais rouvert les yeux...

 

 

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