A propos des rencontres...
"Je me rends compte avec l'âge et l'expérience que je serai toujours cette incurable idéaliste, naïve et enthousiaste, même si un peu plus prudente qu'avant. Je continuerai de sublimer les êtres et les sensations, tout simplement parce que je ne peux pas vivre autrement, sinon je m'éteins. Si les activités (la revue) ou les personnes (X.) me lassent ou me déçoivent par leur mesquinerie, le moteur cale et c'est fini, irréversiblement, même si je me force encore un peu, par pitié ou par devoir. (...) Toute ma vie ne serait-elle pas une série d'emballements forts et irréels? Le réel n'aurait pas été si beau, peut-être, au fond... Une série de rencontres non abouties, aussi... Abouties, elles n'auraient pas vraiment tenu leurs promesses..."
Encore un petit extrait de mon "cahier rouge". Les années s'enfuyant, on repense fatalement à toutes les rencontres qui ont jalonné notre vie. Elles m'ont toujours passionnée, j'étais avide de découvertes, tels les explorateurs se lançant vers des terres vierges: pour moi, des personnes à décrypter, territoires inconnus. Une rencontre, c'est une porte entrouverte, une invitation. Ce que je cherche invariablement, c'est l'échange de fond, la résonance qui permet de jeter une passerelle entre des esprits en quête de réponses à des questions essentielles. Résonance stimulante qui permet de voir plus loin dans ses propres interrogations.
La blogosphère dans tout ça? Purement virtuelle, c'est certain. Elle suscite des échanges éminemment précieux entre des personnes insaisissables: est-ce leurs ombres éthérées qui conversent de façon si intime, si confidentielle? Parfois, très rarement, quelques dérapages incompréhensibles, agressivité inexplicable d'ego blessés ou frustrés qui se vengent gratuitement, anonymement, alors qu'il suffirait de passer son chemin. Ici, personne n'est redevable à personne. La flagornerie n'est nullement obligatoire. On a droit au silence.
Pour moi, c'est un nouveau type de rencontre, éventail plus large, quasi illimité, sans pour autant se substituer à la réalité. Plus risquée? Moins risquée? Les deux. Nous sommes des êtres émotionnels. Nous nous attachons à des parfaits inconnus et qui le resteront, pour la plupart d'entre eux. Nous nous livrons - jusqu'aux limites établies par nous-mêmes. Les blogs sont des fenêtres ouvertes qui nous invitent à jeter un regard à l'intérieur de la maison et parfois même à entamer la conversation au passage. Je pense encore à Kirnette. Brave petit soldat, elle a mené, jour après jour, sa bataille contre un cancer du sein. Je suivais son blog, admirative devant la leçon de vie qu'elle nous donnait, sans jamais abdiquer, tournant en dérision son infinie souffrance. Le dernier message de son blog, émanant de son amie nous a annoncé le jour de son inhumation.