Le blog de Flora

Bribes de mémoire 44. Débarquer à Leningrad (janvier 1971)

20 Septembre 2009, 20:52pm

Publié par Flora

   Un an est passé depuis ma photo d'étudiante moscovite... Mes cheveux ont poussé. Je suis à Leningrad pour six mois, à l'Institut Pédagogique Herzen, derrière Nevski Prospekt. En effet, le système a été modifié depuis l'année d'avant : on n'envoie plus en stage linguistique d'un an les étudiants en russe de la quatrième année, mais ceux de la cinquième et pour six mois seulement. Ainsi, à cheval sur les deux régimes (non obligatoires), je profite des deux. Ma nostalgie pour la Russie et pour la vie d'étudiant pleine d'aventures insolites et de dépaysement est trop grande pour refuser une telle opportunité.
   Nous débarquons, après une escale à Moscou qui nous fend le coeur, dans l'hiver inhospitalier sur la Neva. Mon journal témoigne des premières semaines difficiles où je n'ai qu'une envie, c'est de retourner dans la chaleur  moscovite ! Je ne peux même pas imaginer d'aimer un jour cette ville froide, à l'atmosphère humide et au vent pénétrant. La température est loin des - 30° de Moscou, mais le vent gorgé d'humidité rend l'air beaucoup plus glacial. Ville hautaine dans la prétention de ses marbres, de ses palais surgis des marécages de l'estuaire de la Neva, par la volonté de son tzar, personnage hors du commun et fascinant, Pierre le Grand. La ville a alors deux siècles et demi, aristocratique, majestueuse, érigée par les plus grands architectes français et italiens de l'époque, incarnant la volonté farouche et sans concession de Pierre Premier de se tourner vers l'Occident. Il nous manque la chaleur provinciale de l'immense village qu'est Moscou. Nous nous promenons dans un gigantesque musée, un peu délabré certes, mais un musée quand-même ! J'ai six mois devant moi pour l'apprivoiser, pour m'y attacher et pour rencontrer le grand amour en la personne d'un beau et ténébreux Bulgare...

la suite suivra...  

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J
<br /> Je suis frappé par la connivence de regard entre cette photo et ta dernière sanguine. et puis il y a cette tige devant toi, comme un fil barbelé ...La dernière frontière?<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Je n'aimais pas trop cette "tige", justement, mais ma "photographe" y tenait (une copine qui faisait de belles photos. Je rends hommage à Ida, membre de notre groupe). C'était un bouquet de<br /> branches printanières prêtes à éclore... <br /> <br /> <br />
F
Beau visage et texte dense qui m'impressionnent par leur force et leur douceur
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F
<br /> Merci, Françoise, c'est très gentil! Comme quoi, douceur ne va pas forcément de pair avec faiblesse...<br /> <br /> <br />
L
et manque de pot...(?) ce ne sera pas un beau et ténébreux bulgare mais un chouette français!!!<br /> bien plus tard...wouahhh!
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F
<br /> Eh oui, les peines du coeur d'artichaut cesseront mystérieusement et pour toujours, en rencontrant Gilbert, 3 ans plus tard... <br /> <br /> <br />