Le blog de Flora

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Entre lumière et obscurité

14 Février 2024, 12:47pm

Publié par Flora bis

   Le flottement entre le haut et le bas continue... Un jour, je me réveille avec un léger mieux mais il suffit du passage d'une nouvelle angoissante pour que l'édifice s'effondre sur lui-même, aspiré vers son intérieur en un immense trou noir.

 Le lundi après-midi, ensoleillé, joyeux  -  si rare par les temps qui courent  -  a été un îlot rafraîchissant dans les semaines maussades qui règnent depuis le début de la nouvelle année. Un repas d'anniversaire, vive les Verseau! Et parmi eux, mon amie Martine qui nous recevait. 

   (J'ai une pensée pour mon père, pour ma tante (sa soeur) et pour ma cousine germaine (la fille de ma tante) qui sont tous nés en février! J'aimais leur gaieté, leur rire contagieux, leur infatigable créativité leur grande curiosité optimiste!) 

   Le soir même, avec mon fils, nous avons regardé un film russe assez récent à la télévision (tourné en 2021 et sorti en France en 2023  -  ses auteurs sont en exil...) "Le capitaine Volkonogov s'est échappé". L'événement est suffisamment rare pour être noté. Plus forte encore, l'impression qu'il nous a laissée après les 2 heures extrêmement oppressantes passées devant les images d'une apocalypse totale. L'histoire se passe pendant une des grandes purges staliniennes (en 1937-38) qui a emprisonné près de deux millions de personnes et exterminé la moitié, après des aveux extorqués par la torture d'une cruauté hallucinante. Les bourreaux peuvent devenir à leur tour des proies, et le capitaine Volkonogov ("patte de loup") s'enfuit avec le dossier de quelques personnes exécutées. Il se donne comme mission de retrouver les familles survivantes pour leur révéler la vérité et demander leur pardon, afin de sauver son âme (quête "dostoievskienne" de rédemption)... Le film, sur fond de faits historiquement authentiques crée une atmosphère de dimension symbolique, dans des décors jadis somptueux de palais aristocratiques en ruine de Leningrad. Dans sa folie meurtrière, le pouvoir tout-puissant, paranoïaque crée sa propre damnation. La peur, la décomposition morale réduit les gens à l'état de cloportes terrorisés, tassés sous terre et paralysés sous l'impuissance fatale de leur sort. 

   Pendant tout le temps du film, je n'ai pas pu me détacher de la pensée de l'époque actuelle car, si la Russie de Poutine est bien plus lisse en apparence que celle Staline, il conserve l'essence du totalitarisme dans ses gênes où la démocratie n'est que pâle apparence et la vie humaine est à géométrie variable au service des intérêts du pouvoir.

"Le capitaine Volkonogov s'est échappé" ("Капитан Волконогов бежал")

 

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Sol invictus - pour le moment... et toujours ça de pris!

4 Juin 2023, 10:47am

Publié par Flora bis

   Je n'en reviens pas... IL🔆 est toujours là, sur la toile bleue immaculée, atténué par une petite brise qui rend sa chaleur tout à fait supportable à 25° -  26°! A des rares moments semblables, je cherche immanquablement le bouton à arrêter le temps!...

C'est la Fête des Mères. Quoi qu'on en pense : commerciale? (il faut bien que les commerçants vivent aussi!), obligatoire, formelle, forcée? (pas nécessairement, cela dépend de la sincérité de nos sentiments!). Elle donne l'occasion de nous pencher un instant sur notre sort de mère, les plaisirs immenses, les liens très intimes et indestructibles qui nous lient à notre progéniture. Sur le pouvoir démesuré que ce lien nous donne ou fait subir. Nous l'avons vécu en tant que l'enfant d'une femme et nous avons connu cette place privilégiée à notre tour. Je ne cesse de l'explorer sous ses formes multiples et passionnantes. 

   Je la fêterai toute seule (mais est-on vraiment seul dans l'écriture?) car nous avons pris de l'avance le week-end dernier chez les enfants qui nous ont gâtés. Hier, j'ai prolongé la semaine agréable en compagnie de mon amie E. pour une sortie cinéma qui s'est terminée dans un petit resto très agréable, profitant des jours de plus en plus longs. 

   Le film? "Jeanne Du Barry" de Maïvenn Le Besco, projeté en ouverture du festival de Cannes de cette année. Il divise les critiques que j'ai évité de lire pour ne pas être influencée. A part les dialogues maigres et pauvres, l'éclairage fatiguant à la bougie qui transformait les scènes intérieures en jeux d'ombres, j'aimais bien les images de Versailles, le palais, les jardins, la cour dont l'étiquette dénuée de naturel mais gorgée d'hypocrisie, de raideur, de mépris et de jalousies mesquins rendaient la figure de Jeanne plus singulière et plus humaine. Et j'aimais bien Maïwenn dans le rôle. Johnny Depp, roi vieillissant, se déplaçait comme sa propre statue raide et poudrée, le regard à peine vivant pour exprimer le moindre sentiment  -  et cela jusqu'à son dernier soupir qui lui a permis de prononcer enfin les seuls mots sincères... Notre Jeanne, après avoir connu le faste, a dû retrouver son "extraction modeste" et mourir à 50 ans.

   Le petit dîner nous a permis de déguster avec gourmandise un menu digne d'un restaurant gastronomique! (du bar avec des petits légumes à peine croquants et accompagné d'une sauce divine et légère, en dessert, un pain perdu généreusement arrosé d'une sauce encore chaude de caramel au beurre salé et une boule de glace au même caramel...) Une perdition!...

   

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Anniversaire avec cinéma

17 Octobre 2022, 20:50pm

Publié par Flora bis

   Deuxième semaine faste de suite. Où va-t-on si cela continue ainsi? Je finirai par m'y habituer et considérer les bonnes choses comme dûes. Danger! Je ne suis pas habituée à autant de gâteries de la part de la providence. Surtout pas gratuitement.

   J'ai reçu près d'une centaine de messages, coups de téléphone, cartes de voeux, visites amicales et même une invitation au restaurant. J'ai répondu individuellement à tous car dans chaque message, même les plus formels, se cache une pensée qui n'est adressée qu'à moi et me fera exister un instant dans la mémoire de la personne qui me l'envoie. Cette petite passerelle d'amitié me rapproche d'elle pour un temps fugace et me réchauffe le coeur au passage.    

Jean Dujardin dans le rôle principal

Le soleil joue à cache-cache avec les gros nuages gris. Le réservoir de ma voiture étant à sec, je devrai me mettre à la marche forcée mais la décision seule ne suffit pas... Hier soir, je suis allée au cinéma avec deux amies. "Novembre", le film haletant de Cédric Jimenez, maintient le spectateur sous pression, bien que chacun connaisse les événements et leur dénouement : le 13 novembre 2015 à Paris et les tueries par des fanatiques écervelés. Le film ne traite pas les images sordides des massacres : elles demeurent, de toute façon, ineffaçables au fond de la mémoire collective du pays. Le sujet principal est les 5 jours de traque d'un des terroristes par les forces de l'ordre. Le suspens est authentique, la pression sur les nerfs, l'épuisement des équipes font vrais et donnent un "spectacle" grandiose et éprouvant. Ils me ramènent 7 ans en arrière où, terrassée par l'ampleur tragique des événements, je n'ai pas pu décoller les yeux de l'écran de la télévision.

   Après la séance, un petit dîner entre amies a été le bienvenu pour discuter du film, pour échanger nos émotions. Pour revenir dans le monde des vivants.

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A la marge d'une déception

26 Août 2022, 11:47am

Publié par Flora bis

   Hier soir, j'ai vu un des films attendu de la rentrée: "Les volets verts" de Jean Becker, avec Depardieu, Fanny Ardent, Benoit Poelwoorde etc. et ma déception est égale aux attentes avec lesquelles, toute affaire cessante, je me suis précipitée au cinéma... Heureusement, il n'a duré qu'une heure et demie...

   Les goûts et les couleurs ont le droit d'être différents. Ainsi, je me contente de revendiquer les miens... Le film ressemble au vieil acteur essoufflé dans sa graisse et alcool, entouré des clichés les plus éculés pour essayer de masquer le VIDE abyssal des personnages... Ils poussent tant bien que mal l'histoire prévisible dont le seul suspens consiste à savoir à quel moment le coeur du grand acteur va lâcher?... Ce qui ne tardera pas à arriver mais la scène parvient à devenir grand-guignolesque avec les petites notes sublimes de Barbara comme dernier soupir, grossier clin d'oeil encore à Depardieu acteur... Comme si ces clins d'oeil et allusions n'étaient déjà pas assez lourds depuis le début et qui nous donnent l'impression plutôt de l'amateurisme sans imagination que de la finesse inventive du scénario et de la mise en scène!...

   J'attendais le générique pour identifier les auteurs du scénario : Jean-Loup Dabadie et Jean Becker... Dabadie, dont c'est le dernier travail avant son décès en 2020 est un auteur très prolifique de paroles de chansons à grand succès, d'une liste très longue de scénarios de films qui nous ont marqués (Sautet, Pinoteau, Rappeneau, Yves Robert etc...), romans, pièces de théâtre... Les dix dernières années 4-5 collaborations avec J. Becker. 

   Ce film fait partie du projet de Depardieu d'une série de plusieurs romans de Simenon à adapter au cinéma, pendant la pandémie... Que dire? J'avoue que je sens même la patte de notre Gérard sur le scénario et la mise en scène, son penchant vers l'effet facile et grandiloquent sur les bords, pour conclure... Dabadie était-il déjà très fatigué? Jean Becker lui-même n'a pas la réputation d'être un grand scénariste.  Mais suis-je mauvaise langue?... Toujours est-il que les grands acteurs du film poussent désespérément l'absence criante d'épaisseur de leurs personnages et des situations mornes et répétitives, dépourvues de nuances, de profondeur... Le film avance cahin-caha vers le dénouement annoncé, les acteurs se débrouillent sans grand-chose à se mettre sous la dent... Les spectateurs non plus...

 

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Un samedi soir au cinéma

24 Juillet 2022, 18:15pm

Publié par Flora bis

   Entre 16 et 17 heures, j'ai passé rapidement la tête par la porte de la cuisine. Une chaleur insoutenable m'a coupé le souffle et j'ai vite fait marche arrière. L'après-midi, le soleil tape de toute sa vigueur sur ma terrasse et le parasol que j'ouvre avant midi, ne fait qu'atténuer tant bien que mal sa force dévastatrice. Les plantes cherchent à respirer, elles aussi mais pas la moindre brise... Les oiseaux se taisent, se planquent comme ils peuvent dans les branches.

   Pour apporter un peu de fraîcheur à l'ambiance suffocante, je me réfugie dans le souvenir de la soirée d'hier. Il faut dire qu'il faisait au moins 10° de moins et cela se sent! Quelques jours plus tôt, mon amie Martine a eu la bonne idée de proposer une sortie cinéma pour le weekend. Nous avons eu du mal à dénicher un film tentant: le choix estival est maigre entre les bagarres violentes et gratuites à l'américaine, les comédies éculées ou les dessins animés...  

   Finalement, notre choix s'est arrêté sur "La nuit du 12"  de Dominik Moll (dont j'ai beaucoup apprécié en 2000 le premier grand succès, " Harry, un ami qui vous veut du bien"!). Nous étions une dizaine dans la salle  -  déjà, le parking clairsemé détonnait pour une séance de 19h30 de samedi soir! Est-ce que la moitié de a ville serait partie en vacances?... 

   J'aime ce genre de faux-policier, son rythme par moment alangui, subitement accéléré puis retombé, entre espoir et abattement, indifférence raisonnée et obsession envahissante... Il s'intéresse plus aux hommes qu'à l'énigme à résoudre. Les plus légers frémissements des visages en gros plan en racontent davantage que les rebondissements spectaculaires, ils renferment plus de tension que les mots (Bastien Bouillon et surtout, l'extraordinaire Buli Lanners!).  A la fin, nous restons scotchés sur nos fauteuils, regardant défiler le générique mais à sa place, ce sont les images du film qui reviennent nous hanter. 

 

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Coup de foudre tardif... mais il n'est jamais trop tard!...

8 Février 2022, 10:59am

Publié par Flora bis

   Dimanche après-midi, j'ai été au cinéma avec trois amies. Cela fait plusieurs semaines que j'ai repéré le film de Carine Tardieu: "Les jeunes amants" (titre pas très heureux) et j'attendais sa sortie du 2 février. Fanny Ardant dans le rôle principal et le sujet rare m'ont donné envie et ont éveillé ma curiosité.

   Coup de foudre entre une femme vieillissante de 71 ans et un homme de 45 ans, marié, deux enfants... Pas simple. En tout cas bien moins que dans le cas inverse: l'irrésistible séduction des têtes argentées ressentie par des femmes de 30 ans plus jeunes ne choque personne. On regarde même l'homme avec une certaine admiration : il se défend bien pour son âge! Que Shauna au crépuscule de sa vie s'amourache d'un homme qui pourrait être son fils, passe encore, mais l'homme!... Est-il crédible dans ce rôle si incongru?...

   L'histoire est celle de la mère de Solveijg Anspach, la regrettée cinéaste américano-islandaise qui voulait tourner le film elle-même mais la mort (d'un cancer à 54 ans) l'en a empêchée. Elle a fait promettre à ses amis que le film serait réalisé par une femme. Carine Tardieu a été choisie. Fanny Ardant s'est imposée pour son authenticité (sans artifices de "raccommodages" des rides dues à son âge), pour sa sensibilité à fleur de peau et pour sa flamboyance. Elle est crédible et séduisante car elle est libre.

   Un coup de foudre est toujours inattendu, il vous atteint à travers la plus minuscule des fêlures bien cachée, inutile de tenter de résister. Mais il faut cette fissure, invisible en apparence, pour que la tornade puisse se faufiler jusqu'à votre coeur et vous posséder entièrement. 

   Le paysage sauvage de l'Irlande battu par la pluie, la fourmilière parisienne où il pleut beaucoup également, créent une ambiance tourmentée. Les gros plans sur les visages traversés par des émotions tout en retenue, les gestes de tendresse suspendus, les caresses furtives et suggérées ne font qu'exacerber l'intensité des sentiments dont on sait fort bien que leur suggestion est plus forte que n'importe quelle démonstration...

   Enfin, une autre raison qui m'a poussée à voir ce film a été l'âge de la femme. Une revanche sur le jugement de la société, sur l'indécence d'une femme amoureuse à 70 ans (ou plus) comme s'il existait une date de péremption, pour les femmes en particulier! Alors que la nature, si l'on considère bien les choses, est plus généreuse avec elles qu'avec les hommes, leur octroyant une longévité dans ce domaine aussi, quasi sans limite d'âge! Alors, laissons-leur la liberté d'aimer sans jugement, jusqu'à leur dernier jour.

   

   

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Sortie cinéma du dimanche

25 Janvier 2022, 12:09pm

Publié par Flora bis

   Hier, j'ai écrit une analyse relativement approfondie du film que j'ai vu dimanche après-midi. Pendant les quelques minutes passées sur le Net à la recherche de l'affiche du film, mon texte a disparu! J'avais oublié de l'enregistrer sur la page du brouillon. Même s'il m'arrive rarement, ce n'était pas pour la première fois. 

   La colère contre moi-même a été vite remplacée par la pensée consolante: tiens, contrecoup de la précipitation, tu auras une occasion de plus pour préciser, resserrer ton analyse, aller à l'essentiel, être plus percutante! (ça me fait sourire, cette consolation qui arrive généralement assez vite pour apaiser la douleur aigüe , la rage ou la déception cuisantes, comme pour épargner les dégâts éventuels pour ma santé physique ou mentale... Et cela aussi loin que je me souvienne! )

   Avec trois amies, nous sommes allées voir le film de Fred Cavayé "Adieu, Monsieur Haffmann", d'après la pièce éponyme de J-Ph. Daguerre, grand succès théâtral. Huis clos oppressant sur fond de l'occupation allemande, dans une boutique minuscule, calfeutrée dans une éternelle pénombre, entre un bijoutier juif qui, au dernier moment, est empêché de fuir et le couple de son employé. Haffmann conclut un accord étrange avec François Mercier, un homme ordinaire dans une époque peu ordinaire où il est difficile d'être un héros, ou à défaut, de rester un honnête homme...

   Le trio d'acteurs est excellent. Daniel Auteuil, dans le rôle de Haffmann, le visage immobile et muet, taillé dans un bloc de pierre échoué dans la vie des Mercier, est recroquevillé sur sa survie. Mercier, médiocre et ballotté par la vie, d'humiliation en humiliation, évolue peu à peu vers l'envie de prendre enfin sa revanche sur une vie faite d'éternels renoncements. Joué par Gilles Lellouche, excellent, à contre emploi des habituels gros bras qu'on lui attribue la plupart du temps (je rappelle qu'en 2016, il avait réalisé "Le grand bain", énorme succès où il oscille, sur le fil du rasoir, entre grotesque et émotion). Entre eux deux, en point d'équilibre, le portrait tout en nuances sensibles, la femme de Mercier interprétée par Sara Giraudeau, digne héritière de son père, le regretté Bernard...

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Voilà un dimanche comme je les aime!

13 Décembre 2021, 13:05pm

Publié par Flora bis

   Nous pataugeons dans la morne saison des jours qui semblent ne s'être levés qu'à moitié, gardant leur pyjama et le lit ouvert, au cas où l'envie d'y replonger serait la plus forte... Nous traînons les pieds du fauteuil au canapé et inversement. D'un oeil blasé, nous balayons le jardin déplumé: il a l'air endormi, lui aussi, avec ses quelques fleurs fanées qui frissonnent dans le vent, en attente du printemps. Même les chats des voisins deviennent rares: ils ont cessé leur procession permanente sur la crête du mur mitoyen et ne guettent plus les oiseaux dans les branches du prunier. 

   D'habitude, je déteste les dimanches où la vie s'arrête et la solitude paraît encore plus profonde. On a l'impression  que tout le monde a une famille, un(e) amoureux(se), des amis dont la compagnie vous enveloppe de sa chaleur vivifiante  -  tous, sauf nous! Hier, le coup de fil de Martine m'a sauvée de la déprime du dimanche. Nous avons décidé d'aller au cinéma vers 17h pour découvrir le "West Side story" de Spielberg qui vient d'arriver sur nos écrans.

 Ma génération a encore en tête la version originale de R. Wise et de J. Robbins, sortie en 1961 et couronnée 10 Oscars. La nouvelle version est plus âpre, plus ancrée dans la réalité de son époque, faisant écho en même temps aux problèmes d'aujourd'hui: racisme, tensions entre groupes ethniques et la conscience naissante que les bandes rivales qui s'affrontent sont finalement à la merci, à titre égal, d'un même système vorace qui fait de leur scène de vie un champ de ruine... (le survol du quartier de West Side en démolition, par le hasard des événements de la semaine, m'a rappelé les images tragiques de la tornade du Kentucky). En revoyant quelques scènes de la première version, les anciens Jets et Sharks paraîssent bien peignés, tirés aux quatre épingles comparés à ceux de Spielberg, hirsutes, se roulant dans la poussières de leurs rues démolies... Les bagarres chorégraphiées avec beaucoup de forces et de réalisme (qui restent quand-même de la danse!) soufflent une énergie époustouflante, celle du désespoir... Tout cela, sur fond de la musique de Léonard Bernstein: que des "tubes" éternels qui hantent nos oreilles!

   Deux heures et demie intenses plus tard, nous avons terminé la soirée très agréablement, à la table d'un petit resto. En voilà un dimanche bien sympathique!

 

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Histoires de pères...

8 Juin 2021, 17:40pm

Publié par Flora bis

   En une semaine, je m'offre la deuxième histoire d'un père atteint de la maladie d'Alzheimer... Au cinéma. Après "Falling", j'ai vu hier "The Father" de Florian Zeller. Quelques années après le succès retentissant de sa pièce de théâtre "Le Père" créée en 2012 par Robert Hirsch, il l'a adaptée au grand écran, en anglais, avec Anthony Hopkins dans le rôle principal et couronnée récemment de deux Oscars. 

   Des personnes avec une confiance sans faille en leurs capacités, en leur bonne étoile m'ont toujours étonnée, épatée, laissée sans voix. L'exact contraire à mes hésitations, reculades, démissions plutôt que de prises de risque... Est-ce une question d'éducation? Des parents qui, au lieu de vous retenir sous prétexte de vous protéger d'un je ne sais quel danger ou de déception, vous poussent hors du nid en vous faisant miroiter la beauté de l'ivresse de voler de vos propres ailes?... Est-ce une question d'héritage, de gènes, de bienheureuse constitution, de tempérament qui ne connaît pas le doute? Le succès aime les audacieux qui ne doutent pas! Au lieu de ceux qui s'excusent presque d'exister...

   Toujours est-il que Florian Zeller a publié un premier roman à 21 ans, primé tout de suite. Et le succès ne l'a plus quitté, principalement dans le domaine théâtral: une douzaine de pièces jouées dans plus de 40 pays du monde! La presse étrangère le tient pour un des principaux auteurs dramatiques du 21e siècle. Et il n'aura que 42 ans à la fin du mois...

   Les deux films sont très différents. Dans celui de Viggo Mortensen, nous restons témoins extérieurs, tandis que dans le deuxième, F. Zeller, avec un tour de main audacieux, installe le spectateur dans les yeux, dans la tête du malade, vivant avec lui sa déchéance par la confusion de son monde,  la métamorphose lente et insidieuse de son décor...

 

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