15 mars
Peu de gens savent en France que le 15 mars est probablement la date la plus importante pour le coeur des Hongrois. La Fête Nationale. Comme tout petit pays auquel on a toujours tout confisqué, il y tient, à cette date. Il y en a eu plusieurs, des jours fériés imposés par le régime communiste, mais le 15 mars demeurait, inamovible, avec des cocardes rouge-blanc-vert sur le coeur et ce jour-là, nous nous sentions un peu en résistance... Une fête choisie et non imposée. Un jour pour commémorer le sursaut héroïque d'un peuple contre un empire, David contre Goliath.
En 1848, un vent révolutionnaire balaye la Sicile, le Piémont, certaines provinces allemandes, Paris se soulève en février. Au début de mars, à Vienne même, le peuple obtient la liberté de la presse. Il n'y a pas de raison qu'elle ne soit pas accordée à la Hongrie, province de l'Empire Habsbourgeois. A Pest et à Pozsony (actuellement Bratislava), les événements s'accélèrent. De jeunes étudiants, autour de Petőfi, rédigent en 12 points les principales revendications du pays opprimé: suppression de la censure, libération des prisonniers politiques, assemblée nationale, armée et banque nationales etc. Inacceptable pour l'empire. S'ensuit une guerre pour l'indépendance du pays, écrasée au bout d'un an de lutte armée héroïque. Le tzar Nicolas I. accourt à la rescousse des Habsbourg, pour éteindre l'incendie contagieux. L'armée hongroise capitule en août 1849. Une terreur sanglante décapite la nation (le premier-ministre et 12 généraux sont exécutés le 6 octobre). Kossuth meurt en exil, Petőfi est tué dans une bataille à l'âge 26 ans et les héros entrent dans la légende...