Sous le coup de la neige et du froid
Je regarde les gros flocons duveteux en train de tomber mollement et inlassablement sur mon jardin. Oh, ça finira peut-être par tenir! - pensé-je avec l'excitation heureuse de l'enfant de jadis...
C'était il y a presqu'une semaine. Et la couverture épaisse de la neige vierge est toujours intacte sur la terrasse et la pelouse, recouvrant mon grand oiseau bariolé tombé à la renverse. Il n'y a que ses pattes en l'air qui dépassent de sous la neige. Je le laisse se reposer, de toute façon, je ne peux pas y accéder.
Alain, le fils de ma voisine, venu de la ville d'à côté, a gratté le trottoir devant la maison de sa mère, en y ajoutant le mien. Moi-même, j'ai hésité de franchir le seuil, craignant la chute et les complications qui la suivraient.
J'avais un RDV à l'hôpital chez l'ophtalmologue. Non sans appréhension, j'ai pris la voiture mais aux premiers tangages et glissements au freinage, sur les ronds-points et devant les feux, j'ai rebroussé chemin. Deux jours plus tard, nouvelle tentative. A 10h du matin, il faisait encore -4° et les serrures des portières de ma voiture, gelées, ne se sont pas laissé ouvrir. J'ai rappelé l'hôpital pour un nouveau RDV.
Deux réunions ont été annulées en cascade. Il y a quelques années, je me serais encore moquée doucement aux dépens de ces Français ramollis qui parlent de "froid sibérien", dès que la température chute en dessous de 0°... Que la circulation reste bloquée dès 5 cm de neige!... A mon tour d'essuyer le ridicule... Où sont les hivers d'antan, mémorables, glacials qui duraient plusieurs mois?... En Hongrie, en Russie ou à Berlin?... Ils n'ont jamais "paralysé" personne, la vie suivait son cours, en attendant que ça passe... Me voici petite vieille frileuse qui a peur de son ombre, cloîtrée dans sa tanière.