Attila József (1905-1937) : Ode (Óda)
Texte magnifique, magistral, total, écrit en 1933. Mon préféré avec "Le long du Danube" (A Dunánál"), né en 1936. J'ai longtemps hésité - et j'hésite encore - à le publier sur mon blog. Très long, on ne peut tout mettre à la fois avec sa version originale. Le couper - c'est le défigurer. Il se compose pourtant de plusieurs parties distinctes, à la manière d'une symphonie qui part en douceur, monte en crescendo hallucinant pour s'apaiser de nouveau à la fin. Je crois que je vais suivre les parties distinguées par A. József lui-même. Traduction : Jean Rousselot
ODE
1.
Me voici sur ce rocher scintillant...
La brise légère
Du jeune été s'élève de la terre
Comme la chaleur d'un souper charmant.
J'habitue mon coeur au silence, et vraiment
Ce n'est pas très difficile...
Ce qui s'est évanoui se rassemble autour de moi,
Ma tête s'incline et mes doigts
S'abandonnent, dociles.
Je contemple la crinière des monts.
Chaque fleur frissonne
Fait vibrer l'éclat de ton front.
Sur la route, personne, personne...
Je vois ta robe
Flotter au vent ;
Sous les frêles branches,
Je vois ta chevelure qui se penche
Et de tes seins le doux tressaillement ;
Puis, de la rivière Szinva, qui va courant,
Je vois de nouveau surgir
Sur les petits galets de tes dents
Un féerique sourire.
ÓDA
1.
Itt ülök a csillámló sziklafalon.
Az ifju nyár
könnyű szellője, mint egy kedves
vacsora melege száll.
Szoktatom szívemet a csendhez.
Nem oly nehéz -
idesereglik, ami tovatűnt,
a fej lehajlik és lecsüng
a kéz.
Nézem a hegyek sörényét -
homlokod fényét
villantja minden levél.
Az úton senki, senki,
látom, hogy meglebbenti
szoknyád a szél.
És a törékeny lombok alatt
látom előrebiccenni hajad,
megrezzenni lágy emlőidet és
- amint elfut a Szinva-patak -
ím újra látom, hogy fakad
a kerek fehér köveken,
fogaidon a tündér nevetés.