Le blog de Flora

Comme une fin de janvier...

30 Janvier 2021, 18:39pm

Publié par Flora bis

   Nous sommes le dernier jour du mois de janvier. Sur mon blog, 3 articles, c'est tout. Mauvais signe à coup sûr: un mois peu inspirant, sous l'étouffoir. Quelques rendez-vous utiles mais peu enthousiasmants chez le dentiste, des démarches pour obtenir l'inscription sur le registre de la vaccination, en vain. "Ré-essayez fin février...", cherche à m'encourager une voix féminine. En attendant, tentons de passer entre les gouttes... de la pluie qui tombe en abondance. Triste week end, avec la sensation du poids du monde sur la poitrine. Vers 18 h, les rues se dépeuplent, je baisse les volets pour retenir un peu plus de chaleur à l'intérieur de la maison et je m'installe devant mon ordinateur pour tenter de combler le vide, pour allumer une petite lumière autour de moi  -  en moi.

Je tombe sur deux cahiers à carreaux très simples, pièges à souvenirs, machines à remonter le temps. Preuves aussi que je n'ai pas rêvé l'étudiante enthousiaste et avide de découvertes, car à l'intérieur, c'est bien mon écriture, en hongrois et en russe, tracée à la hâte. Je me réfugie dans les souvenirs d'il y a cinquante ans. La première note débute le 14 février 1971, dimanche. (Tiens, à l'époque, on ne savait pas que des décennies plus tard, ce serait, pour nous aussi, le St-Valentin!...) Depuis une quinzaine de jours, nous sommes à Saint-Pétersbourg qui s'appelle à l'époque Leningrad. Dehors, je souffre du vent glacial et humide et dans ma chambre   -  que je partage avec deux étudiantes soviétiques  -  ce sont des assauts nocturnes de punaises que je subis dès que j'éteins ma lampe de chevet... Le jour, elles sont invisibles, je ne sais même pas à quoi elles ressemblent car je n'en avais jamais vues. Elles doivent trouver mon sang exotique à leur goût car elles laissent mes voisines russes en paix. Il me faudra du temps pour que, à l'aide d'une mixture antique recommandée par une de mes profs de fac, je parvienne à m'en débarrasser...

   Six mois suivront, pleins d'aventures, de découvertes, d'amourettes, de grandes conversations, de théâtres, de voyages, d'amitiés pour la vie... Je pense aux étudiants des confinements et d'autres temps de pandémie et je les plains de tout coeur. En plein été, en période des nuits blanches réellement magiques à vingt ans, nous reprenons le train pour la Hongrie. Dernière note du cahier :" le 30 juin 1971, mercredi : à la descente du train, les bras aimants de la famille m'accueillent."

                                                                  

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A
Quelle richesse d'avoir conservé les traces du passé ; peut-être parfois aussi un trésor empoisonné...Mais vous êtes libre de choisir ou pas les pages que vous voulez revisiter.
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F
Vous avez entièrement raison, chère Aude! c'est pour cette raison que je ne m'approche pas souvent de ces pièges qui m'attirent vers le passé et m'emprisonnent.<br /> Mais quand le présent est si désespérément vide!...<br /> (j'espère que vous allez bien.)