Addictions nouvelles
Je passe plusieurs heures devant mon ordinateur, pour lire et écrire, pour communiquer. Suis-je bel et bien en addiction de tous les écrans qui m'entourent?... Difficile de l'admettre. Je fuis les jeux vidéos, je n'achète que rarement sur le Net. Il y en a un dont je me passe assez bien: c'est mon smartphone. Souvent, il se retrouve déchargé, pile au moment où j'en aurais besoin!
Cette maladie, apparue il y a moins d'une quinzaine d'années, s'est répandue avec la rapidité des incendies d'été dans le maquis de la côte varoise. Je vois des adultes qui ont pourtant grandi sans, toucher leur poche d'un geste mécanique et répétitif, pour en extraire la petite machine diabolique qui se coule si parfaitement dans la paume de la main, pour consulter leurs messages, et pour la moindre question qui se pose, tapoter fiévreusement sur les touches pour trouver la réponse... Tout juste s'ils ne tournent pas plus spontanément vers leur smartphone que vers leurs fenêtres pour connaître le temps qu'il fait...
Plus grave encore pour les enfants dont le cerveau est en développement, en apprentissage. J'ai vu des tout petits qui ne savaient pas encore parler, se jeter avidement sur le téléphone, la tablette de leur parents, attirés comme par un aimant, manifester des symptômes de manque si l'on les en privait... N'accepter le repas que si leurs yeux étaient scotchés sur un écran. Leur bouche s'ouvrait alors machinalement, sans qu'ils se rendent compte de ce qu'ils avalailent... Où est passé le rêve, la découverte au toucher des objets immobiles qui les attendent avec patience ou, mystérieusement, qui s'enfuient? Le brin d'herbe ou la poignée de terre que l'on émiette ou, éventuellement, on porte à sa bouche pour le goûter... Où est le temps de la lenteur, sans le stress des images sautillantes à la vitesse endiablée?...
Il manque dramatiquement le contact des yeux, des regards, tellement primordiaux dans l'apprentissage de notre humanité! De quoi privons-nous nos enfants en sensibilité, en socialisation, en empathie, en verbalisation de leurs émotions, en un mot, en complexification du fonctionnement de leur cerveau si malléable? Certes, on vous affirme que les jeux vidéos aiguisent leurs réflexes, leurs capacité d'analyser rapidement les situations inattendues. Sans doute. Mais en les transformant peu à peu en robots stressés et irritables.