Casse-tête du matin
Après une courte nuit, je me lève, je descends l'escalier, les jambes encore mal assurées. Je balaye du regard la scène de ma vie, du moins celle où je passe mes heures les plus claires. Quelles "heures claires"?... Une fois de plus, le soleil ne se lève qu'à moitié, il reste emmitouflé dans son édredon de nuages sans montrer le bout de son nez de toute la journée.
Des objets partout, à foison. Leur présence me rassure et m'étouffe à la fois et je me mets à rêver d'une razzia bienfaisante à faire disparaître de ma vue au moins la moitié des envahisseurs !... Au lieu de cela, je ne cesse - et d'autres le font aussi pour moi, par pure gentillesse - d'augmenter leur nombre! Je suis attachée à eux, je voudrais les avoir sous la main ou sous les yeux, et, régulièrement, leur foisonnement m'oppresse. Comme je n'ose plus descendre dans la cave, ni emprunter d'autres escaliers les bras chargés, je tourne en rond, impuissante à régler le problème. Il ne me reste plus qu'à rêver des espaces épurés à la japonaise où l'esprit peut flâner librement, sans buter sans arrêt sur des souvenirs... J'ouvre les volets sur le jardin, puis sur la rue, tandis que l'eau se met à susurrer dans la bouilloire pour le café du matin qui me donnera le petit coup de fouet indispensable. Je m'installe avec ma tasse devant l'ordinateur et le monde s'élargit devant moi. Du moins, virtuellement.