Le blog de Flora

Honte et culpabilité

6 Novembre 2016, 19:27pm

Publié par Flora bis

"Il n'y a pas de honte quand il n'y a pas de regard de l'autre." (B. Cyrulnik)

   Parmi mes amies blogueuses hongroises, nous avons évoqué le thème de la honte, à propos d'un texte de E. Hankiss que j'avais cité sur mon blog. L'auteur, à 80 ans passé, y évoque un souvenir d'enfance qui lui fait honte au bout de tant d'années. Nous nous sommes dit qu'il serait sans doute difficile pour nous toutes d'en faire autant: "confesser" publiquement une honte enfouie...

   Cela m'a intriguée et j'ai décidé de chercher un peu plus loin les ressorts de la honte. Je suis tombée, en particulier, sur un long article de Serge Tisseron (il a consacré plusieurs ouvrages à ce sujet) qui explique en profondeur ce phénomène douloureux. 

   Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de monde pour qui ce sentiment reste inconnu, à des degrés divers. Certains le confondent avec la culpabilité mais la différence est significative: la culpabilité se réfère à un acte répréhensible mais réparable, tandis que la honte est   éminemment intime et porte un jugement sur soi quasi irréparable, entrainant un sentiment d'impuissance et de mésestime de soi. Elle est lié au regard des autres, plongeant l'individu  -  souvent l'enfant  -  dans l'inhibition, la souffrance en silence et dans la solitude. La honte naît la plupart du temps d'une violence, d'une humiliation subie dans l'enfance, de la part des personnes de confiance et peut aboutir à une perte de lien d'amour avec des tiers importants.

   La culpabilité vise la socialisation, la réintégration du groupe (famille, société, tribu) tandis que la honte en exclut. Pour simplifier, la première suggère: "j'ai fait quelque chose de répréhensible" cependant que la seconde coupe la possibilité de rédemption: "il y a quelque chose qui ne va pas chez moi"... Quelque chose qui m'exclut du groupe, qui me rend indigne: le regard des autres me le dit. "Ce n'est pas de ma faute" reste une phrase difficile à concevoir, encore plus à prononcer, à imposer.  

 

 

Commenter cet article
A
Pas tout à fait d'accord, chère Flora, mais c'est peut-être que je n'ai pas bien compris votre texte ; voici ma vision :<br /> <br /> L'estime de soi blessée par la honte n'est pas liée forcément au regard des autres. L'estime de soi n'est pas forcément relative à l'environnement, elle peut (doit ?) être plus intime ; il est parfois plus difficile, d'ailleurs, de se pardonner soi-même que d'obtenir le pardon ou l'oubli des autres. A mon avis, la seule façon de la surmonter dans ce cas, c'est d'accepter sa faiblesse et de construire une cicatrice protectrice (savoir qu'il y a un risque en soi-même dans ces circonstances, et apprendre à les contourner ou les affronter)<br /> <br /> En revanche, il est vrai que la honte provoquée à tort par l'environnement lorsqu'on est enfant peut être une violence morale difficile à supporter et encore plus à surmonter
Répondre
F
Chère Aude, je n'ai peut-être pas été assez claire: c'est difficile en si peu de place, alors que des livres entiers sont consacrés au sujet... Moi-même n'étant pas psychologue, je m'appuyais sur des études qui semblent dire que le déclencheur de la honte vient du regard de l'autre... Parfois, la source est même occultée; il faut passer par l'hypnose ou la thérapie pour la comprendre...<br /> Le pardon ou l'oubli? Cela concerne le sentiment de culpabilité pour nos actes, tandis que la honte touche notre être en profondeur.<br /> Merci pour votre contribution!